Retour d’expérience en aide aux devoirs en quartier populaire par Stéphanie

APEME 49 a reçu le retour d’expérience de Stéphanie que nous vous proposons ci-dessous :

COMPTE RENDU D’ACTIVITE ASSOCIATION D’AIDE AUX DEVOIRS
ou
LA PRATIQUE ET LES EFFETS DE LA BIENVEILLANCE

Ma première année de participation à l’association d’aide aux devoirs de ma commune, lors de ma première assemblée générale, après 6 mois d’activité, un bénévole a fait  remarquer : “je ne sais pas comment fait Steph, mais j’ai vu que là où nous ne nous en sortons pas avec un enfant, elle, elle y arrive. Stéphanie, comment fais-tu ?”
Complètement prise au dépourvue, incapable d’expliquer correctement ce que je faisais de différent, j’ai répondu “je les aime plus.”.
Branle-bas le combat, foirade totale, impossible de verbaliser plus justement mon ressenti et ce que je faisais de différent.
J’ai alors ajouté l’observation de mon comportement et celui des autres bénévoles à l’attention que j’avais jusque-là entièrement focalisée sur les enfants.
J’ai ainsi vu que j’avais une attitude et une approche qui différaient fondamentalement de la plupart des autres bénévoles.

Ce que j’ai fait avec les enfants :

Précisions :
L’enfant qui veut faire seul et qui comprend seul, je l’ai laissé faire et je me suis montrée disponible ensuite pour des discussions plus générales (approche philosophique) ou pour jouer ensemble.
Quand je mettrai un smiley dans ce compte rendu, ça sera pour préciser qu’à ce moment de mon échange avec un enfant, j’ai réellement utilisé un sourire (quand je n’ai pas carrément ri de bon cœur).
J’ai aussi mis en œuvre l’idée qu’il est plus accessible pour quiconque, de comprendre un exemple concret. Du coup, avec les enfants, j’ai essayé de prendre des exemples pris dans mon quotidien, et dans le leur. Je le fais systématiquement. D’ailleurs c’est une technique qui fonctionne aussi avec les adultes.
J’ai appris à certains les différences entre ce qui est important pour l’un et ce qui l’est pour un autre.
C’est une approche des besoins fondamentaux. Ce qui est important pour tous (le respect par exemple) et ce qui est important en fonction des personnes (ceux qui préfèrent être seuls, ou les autres qui ne le supportent pas).
Par exemple : quand un copain Rom vient à l’école sans avoir pu prendre de douche, notamment parce qu’il n’a pas d’eau courante chez lui, le critère “être propre le matin”, perd en pertinence.

Leur faire comprendre comment fonctionne leur cerveau :
Sur ce point, j’ai abordé les questions de nutrition, de sommeil, d’activité physique.
Exemple : si un enfant a mal à la tête, je lui ai appris que la première chose à vérifier est son hydratation et je l’ai emmené boire. Puis j’ai checké son état 30 minutes plus tard. A chaque fois, la migraine était partie.
Il a ainsi pu remarquer de lui-même qu’effectivement il lui fallait faire attention à bien nourrir s’hydrater.

Adapter les techniques selon les enfants :
Ce n’est pas parce qu’il est en CM2 que je me suis obligée à suivre un raisonnement cloisonné au CM2 : j’ai adapté les raisonnements à chaque enfant en fonction de sa personnalité et de son vécu ou de son environnement.
Je précise aussi que je vais ici exposer les situations qui ont données lieu à un procédé.

Appréhension de leurs émotions :

Je suis partie du constat suivant :
Les enfants sont bien plus raccordés que les adultes à leurs émotions. Ils perçoivent beaucoup de subtilités que nous adultes avons appris à négliger.
Une même situation va donner lieu à différentes émotions pour chaque individu. On est tous pareils (= des Humains) et tous différents dans nos émotions (en raison des variations de nos expériences et de nos personnalités).

Regardons-nous dans les yeux :
Ce point a été essentiel à la bonne réussite de ma démarche.
A chaque échange avec un enfant, je lui ai demandé de me regarder dans les yeux. Je lui ai expliqué que j’avais ce besoin afin qu’il voie l’émotion que j’avais.
Je sais que je suis très expressive et que mes émotions sont visibles. Encore faut-il savoir identifier ces émotions et j’ai constaté que les enfants les voyaient et les identifiaient spontanément assez bien.
Ainsi, lorsqu’un enfant me croyait en colère, entre autres parce qu’il avait l’expérience que la situation en cours provoquait de la colère chez un autre adulte, en me regardant dans les yeux, il voyait ma compassion, mon incompréhension, ma joie quand je le taquinais (alors qu’il aurait pu croire que je me moquais et l’associer à de la méchanceté), la peur pour sa sécurité et la fermeté sur les règles qui en découlaient.
De mon côté, regarder l’enfant dans les yeux m’a permis aussi de voir ses émotions, et donc de pouvoir réagir en conséquence.

Ecueil :
Une pré ado m’a répondu : “mais ma mère veut que je baisse les yeux !”
“- ok mais moi je ne suis pas ta mère, du coup, moi je souhaite qu’on se regarde dans les yeux. J’en ai besoin pour que tu voies ce que je pense et en l’occurrence, là de suite, je voudrais que tu voies que je ne suis pas en colère.”
(Je ne me rappelle pas le contexte, mais c’était une prise de contact avec elle. Elle commençait à fréquenter l’association, en cours d’année.)
Une fois le contact établi, j’ai bien vu la surprise que ma demande générait en elle.
J’ai ajouté : “- en plus, c’est vrai que dans le monde animal, si les animaux se regardent, c’est pour annoncer une bagarre, ou du sexe ! 🙂 . Mais nous sommes dans le monde Humain et nous n’allons faire ni l’un ni l’autre je te rassure !” 🙂
J’ai eu son attention et j’ai pu enchaîner sur l’enseignement que j’étais en train de faire avec elle. A 12 ans, en pleine ébullition hormonale, crise d’adolescence (?), habituée à baisser les yeux, biberonnée à “la gentillesse c’est pour les cons”, elle m’a franchement trouvée bizarre.
Aparthé : Wow : quelle société où la gentillesse est considérée comme une tare !!
J’ai choisi d’enfoncer le clou :
“- ouep, je suis bizarre. Mais je ne te manque pas de respect, et j’attends la même chose de toi.” Regard droit, silence. Puis je la laisse là-dessus et j’enchaine avec un autre enfant.

Lors d’une autre séance, alors que je demandais au groupe de s’écouter et donc de baisser le niveau sonore, cette petiote est venue me dire :
“- tu es bizarre : tu parles doucement.”
“- qu’entends-tu par doucement ?
J’aurais dû la laisser répondre, mais j’ai enchainé :
– veux-tu dire que je parle calmement ?
– oui
– c’est parce que je ne suis pas en colère. Je vous demande, pour moi mais aussi pour vous, de prendre en compte le niveau sonore du groupe. C’est tout, ça ne va pas plus loin.”
Mais effectivement, cette enfant a attiré mon attention sur une autre technique que j’appliquai sans même y réfléchir : je parle avec douceur, lentement lorsque j’explique, et mon débit s’accélère en fonction de la situation.
Cela rend encore plus compréhensible par les enfants, l’importance (ou pas) de ce que je leur dis à un instant donné. C’est un bel outil, également porteur d’émotions.

Pas envie de faire mes devoirs :

Je me suis, dès les premiers jours, trouvée confrontée au refus formel d’une pré-ado de faire ses devoirs.
J’avoue j’ai cherché autour de moi un adulte qui pourrait prendre le relai. Mais tous étaient occupés et j’ai cherché une solution.
J’ai donc repoussé les cahiers de l’enfant. Et je l’ai questionnée :
“A quelle heure ta maman part-elle au travail le matin ?”
“Je ne sais pas.”
“Part-elle avant ou après que tu ailles à l’école ?”
“Avant.”
“Ok et quand revient-elle le soir ?”
“Après que je sois rentrée de l’école.”
“Wow, ça fait une longue journée de travail ! Ok, quel est son métier ?”
“XX.”
“Ta maman aime-t-elle ce travail ?”.
“Bof”.
“Ok. Du coup, voilà à quoi ça sert l’école.”
A ce moment-là, j’avais toute l’attention de l’enfant qui cherchait à comprendre où j’allais en venir.
“A l’école, tu vas étudier plein de matières, plein de choses : les maths, les langues, le dessin, l’histoire, etc.
L’idée c’est que tu trouves pendant ce temps d’école, les choses que tu aimes faire. Ainsi, quand tu devras toi aussi un jour travailler, pour pouvoir payer ton appartement, tes repas, tes vêtements, etc, ça serait drôlement bien si tu pouvais faire un travail qui te plaise, non ?”
Explications de à quoi sert l’école ; étendue des savoirs abordés, nécessité un jour de devoir gagner un salaire / intérêt de trouver ce qui lui plait de faire afin d’en faire un jour un métier qui lui permette aussi de gagner un salaire.

Rebond : qu’est-ce qui t’intéresse à l’école/à la maison/ dans la vie ?
Parfois, il m’est arrivé de dire à l’enfant qu’il avait raison de souligner que ça ne sert pas à grand-chose d’apprendre une leçon en particulier.
J’ai acquiescé : “Oui c’est vrai, franchement, dans ta vie tu ne vas pas utiliser souvent l’imparfait du subjonctif. Mais là aujourd’hui, tu dois l’apprendre pour réussir le contrôle. Du coup, on va l’apprendre, et puis tu l’oublieras vite pour passer à des choses plus utiles dans la vie. 🙂

Aparté :
Je ne suis pas convaincue que le but de l’école doive être de former des travailleurs.
Cependant dans le contexte de mon bénévolat d’aide aux devoirs, et le contexte d’une société capitaliste où la norme est d’avoir un travail ou de jouer le rôle du chômeur (le concept du chômeur n’existant qu’en miroir du concept du travail tel que le capitalisme le défini), je me suis limitée à respecter ce paradigme.

Faire les devoirs :

Importance de faire avec l’enfant et non d’attendre de lui qu’il fasse seul.
Constat : l’adulte demande à l’enfant : As tu fais tes devoirs ? ou lui dit/ordonne de les faire.

Procédé général :
1ère étape : je demande à l’enfant quels sont les devoirs qu’il a à faire.
L’enfant : “Je ne comprends rien” :
Moi : “Moi non plus 🙂 , je te propose de lire ensemble la leçon et nous allons comprendre ensemble” 🙂
2ème étape : ouverture du cahier de leçons concernés.
Aparté : Importance de reconnaitre quand on ne sait pas.
Phrase clé : “on va apprendre ensemble et faire les exercices ensemble”
Si l’enfant est désarçonné parce qu’il a déjà intégré la croyance (fausse) que les adultes savent tout et qu’ils dominent les enfants, je lui rappelle que j’ai 30 ans de plus que lui et que je n’utilise pas (mettre le cours concerné) tous les jours ! 🙂

Canal d’apprentissage privilégié Visuel / auditif / kynesthésique :
J’ai tenté de repérer le canal de perception privilégié de chaque enfant, puis de l’utiliser pour son apprentissage.
J’ai donc tâtonné et tenter plusieurs procédés avec chaque enfant.
Certains sont auditifs : je leur ai proposé d’apprendre par la récitation et leur ai fait écouter la musicalité des mots.
K. a plusieurs fois chanté ses poèmes à haut volume.
Une fois repéré un enfant préférant le visuel, je l’ai invité à dessiner ce que les mots lui inspiraient.
Pour Z., en difficulté sur l’apprentissage de la liste des mois, je lui ai fait dessiner, à côté de chaque nom de mois, ce que celui-ci lui évoquait.
Ensuite, après l’entrainement, je montrai puis mentionnai seulement le dessin (par exemple “voiture” qu’il avait associé à août) et le mois lui venait plus facilement.
Je l’ai invité à découper l’encart sur la feuille de brouillon et à le scotcher quelque part chez lui ensuite (je lui ai expliqué que je mettais mes propres mémos sur le miroir de ma salle de bains).
La semaine suivante, il connaissait les mois.
Je n’ai pas d’exemple concernant des enfants privilégiant le canal kinesthésique. Mais si j’en avais décelé et eu besoin de passer par ce canal en cas de non-compréhension par le canal choisi dans l’exercice posé, j’aurais utilisé des objets pour les maths par exemple.
L’apprentissage n’a pas besoin d’être douloureux (ni pour l’enfant ni pour l’accompagnant), il est plus facile de percevoir comment s’adresser à chaque enfant afin de faciliter la transmission.

Procédé lecture :
1ère étape : demander à l’enfant de quoi parle le texte/ susciter son intérêt et en manifester moi-même (ne pas être uniquement dans une posture de contrôle)
2ème étape : le lire avec lui.
Sur cette seconde étape, avec des enfants qui ne sont pas enthousiastes à l’idée de lire, un procédé ludique et qui fonctionne est de lire avec lui, à tour de rôle, une ligne chacun.
J’ai également pratiqué cet exercice avec 2 enfants et 1 adulte.
La situation de base était 1 adulte et 2 enfants. L’un des enfants étaient impliqué avec l’adulte et l’autre enfant attendait plus ou moins que les premiers aient fini pour se raccorder aux solutions.
J’ai proposé d’exercice (ai dû l’imposer à l’adulte), et très rapidement, celui qui au début n’était pas investi, s’est mis à commencer les phrases de celui qui le suivait et à le “bousculer” (c’est ton tour !).
Il a même fallu le ralentir.
Avec une autre enfant, avec une personnalité en retrait, (de type rêveuse ? cf. formation
ProcessCom), il a fallu faire tout l’inverse et l’encourager à voix haute pour qu’elle démarre sa phrase et lui rappeler le principe de la portée de la voix (ta bouche est là, mon oreille est là + blague, j’ai beau être âgée, je ne suis pas sourde, c’est bien toi qui ne parle pas assez fort 🙂 )
Avec elle, il m’a aussi fallu ralentir les autres : “allez, on lui laisse le temps”.
3ème étape : en cours de lecture, il m’arrive de constater qu’un mot/une tournure, n’est pas comprise. Ou d’en douter. Ou bien de constater que nous venons de lire un élément clé du raisonnement qui va être demandé ensuite.
J’arrêtai alors la lecture (rupture physique : Hoho / par exemple), et je questionnai l’enfant : qu’en penses-tu ? / Que s’est-il passé là ?
4ème étape : la compréhension de texte / répondre aux questions.
Là j’ai laissé les enfants faire : une fois les 3 premières étapes passées, la 4ème ne posait plus vraiment problème (sauf cas spécifique).

Écueils :
– Quand un CP doit lire un photocopié mal fait, et dont les premières lettres de chaque ligne ont été mangées par la machine. Que le prof ne l’a pas vu ou qu’il n’a pas refait les photocopies s’il s’en ai aperçu. Et que l’exercice est de compléter les lettres manquantes à la fin des mots…
Enorme désarrois de l’enfant qui dans ces conditions est incapable de résoudre seul le problème.
–> avant l’exercice j’ai ajouté les lettres manquantes au début.
– Quand un 6ème a un texte de plusieurs pages à lire et qu’on se rend compte que les photocopies sont faites dans le désordre, les pages n’ont pas d’ordre logique et qu’il en manque !
–> j’ai numéroté les pages, rassuré l’enfant sur le fait que j’étais bien d’accord avec lui sur le fait que ces photocopies n’étaient ni faites ni à faire !
Nous avons lu d’abord les questions, puis le texte (1 ligne chacun) pour repérer au fur et à mesure les réponses à l’exercice.

Procédé grammaire :
Utilisation des radicaux. Trouver des mots contenant le radical identifié.
Prendre son temps de regarder les mots lors de la préparation avant dictée. Celui-ci à une lettre muette, et cette lettre on peut s’en rappeler en trouvant d’autres mots construits avec ce radical.
Relever ensemble les différences de sons, jouer avec les sonorités.

Procédé français :
85 nationalités sont représentées dans la commune. A chaque enfant issu de l’immigration, qui me disait que le français est une langue difficile et qu’il se sentait en échec, j’ai demandé : “combien de langues parles-tu ?”
Réponse : parfois jusqu’à 4 langues !
“- Wow, et tu as quel âge ?
– 10 ans.
– Waou, à 10 ans tu parles déjà X langues ! Moi je n’en parle que 2, français et anglais, et cocker, mais bon ça c’est particulier 🙂 Du coup, ça va aller pour le français écrit aussi, tu vas voir.”
Ainsi, j’ai mis en avant leurs acquis, minimisé/temporisé la difficulté du reste-à-apprendre et on a pu reprendre la route de l’apprentissage.
Apartés :
1 Je croise régulièrement ces enfants en bas de chez moi et ils savent que j’ai un chien, en l’occurrence un cocker.
2 Une enfant m’a un jour proposé de m’apprendre le Polonais en échange de mes cours de Français 🙂 Une autre m’a proposé de m’apprendre l’Arabe.
C’est un super deal pour encourager l’apprentissage des langues !

Procédé conjugaison :
J’ai proposé au CE1 concerné de rajouter un COD pour faire une phrase et faciliter l’exercice.
Exemple :
Conjuguer le verbe Faire. Ecrire le pronom personnel, laisser l’espace pour écrire le verbe et ajouter “de la musique”.
Ensuite faire l’exercice à l’oral : –> Nous *humm* de la musique. L’enfant complète plus facilement. Cela lui évite une situation d’échec.

De l’importance des mots :
J’ai beaucoup utilisé les dictionnaires. J’ai fait lire aux enfants la couverture et j’ai pris conscience en même temps qu’eux qu’il y a 65 000 mots en langue française, et 125 000 significations.
Application :
R. A 5 ans. C’est le fils d’une amie proche. Nous déjeunons ensemble. R. dit un truc particulièrement adorable et je lui dis
“- Tu es mignon 🙂
– Non je ne suis pas miigggnnnooooon !!” Grosse colère
Euh, mince qu’est-ce qui se passe ?
Sa maman m’explique que la maitresse, moi, beaucoup de femmes disent à R. qu’il est mignon.
Mais que ça agace des copains à l’école qui se moquent et le taquinent en détournant le mot.
Nous continuons de manger notre soupe, puis je reprends :
“- R. est-ce que mon chien est mignon ?
– Oui ! avec un sourire jusqu’au oreilles 🙂
– tu vois, un mot peut être utilisé de plusieurs façons. Quand ta maman, ta maitresse, ou moi, te disons que tu es mignon, tu peux voir sur notre visage, nos sourires, dans nos yeux aussi, que c’est un compliment et que nous le disons gentiment.
Tes “copains” quand ils utilisent le même mot, ils ne le disent pas de la même façon n’est-ce pas ?
– Non.
– Voilà. Chaque mot peut être employé de différentes façons et il faut veiller à utiliser le bon mot et aussi faire attention à comment on le dit pour savoir quel sens lui a été attribué.
Je l’ai laissé méditer là-dessus et j’ai retrouvé le droit de lui dire à quel point il est mignon.
Et j’ai dû refaire cette explication, en la remodelant, à d’autres occasions, quand ça a été
nécessaire.
Je me suis fait / j’ai été : Recherche de la conscience de son rôle dans l’action
L’utilisation de “Je me suis fait” implique une responsabilité de celui qui l’utilise.
Ex : je me suis fait couper les cheveux, je me suis fait mal (en me cognant dans une table), je me suis fait tatouer.
L’utilisation de “J’ai été” implique que l’on a subit quelque chose.
Ex : j’ai été bousculée.
Je fais ce point, car j’ai entendu des enfants me dire : “je me suis fait piquer par un moustique”, “je me suis faite taper” et on entend dans les médias : “elle s’est faite violée” ou “je me suis fait licencier”.
La mauvaise tournure employée déplace le rôle de la responsabilité sur celui qui a subit l’acte.
Les mots ont un sens et ils influent sur la psychologie des sujets. Il me semble nécessaire de prendre en compte ce fait dans leur enseignement et d’y accorder une attention particulière et soutenue.

Procédés mathématiques :
J’ai utilisé plusieurs stratégies pour appréhender cette matière.
1er procédé :
Pour l’apprentissage des tables, j’ai d’abord dû faire comprendre à l’élève à quoi les maths allaient lui servir.
Ce qui a marché avec une élève en particulier a été de me rappeler que je la croisais souvent à la boulangerie.
J’ai donc demandé :
“- Quel est ton bonbon préféré ?
– les arc-en-ciel.
– ok, combien coûte un arc-en-ciel ?
– 10 centimes.
Là, j’ai fait une rupture de tonalité. Je suis devenue encore plus sérieuse et j’ai posé l’exigence suivante :
– 1€ = 100 centimes, Kim. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut comprendre, expliquer ou contester. On doit l’intégrer c’est tout. Ok ? et je l’écris là, en haut de la feuille. 1€ = 100 centimes.”
Je repasse en voix normale.
“- alors on va écrire : 1 arc-en-ciel = 10 centimes …. 10 arcs-en-ciel = …”
Arrivés à 10 elle s’exclame :
“- C’est tout ?
– Ben oui, avec 1 euro tu peux acheter 10 arcs-en-ciel.” 🙂 échangés
Voilà, tu sais à quoi ça sert d’utiliser les multiplications 🙂
L’enfant m’a prise dans ses bras et m’a demandé pourquoi ma j’avais réussi à lui faire comprendre alors que son papa et sa maitresse n’avait pas réussi ! (Ce sont ses mots) 🙂 🙂
Au cours des exercices, j’ai remarqué que cette enfant était fréquemment distraite par les autres enfants. Si quelque chose se passait dans son champ visuel, elle perdait le fil du raisonnement que nous construisions, se concentrait sur ce qu’elle voyait par ailleurs, et nous étions obligées elle et moi, de reprendre l’exercice au début.
La séance suivante, de ce constat, je lui ai proposé de me faire confiance et nous avons déplacé sa table face à un mur blanc.
Je lui ai expliqué que cet exercice allait lui permettre de rester concentrée uniquement sur ses maths mais qu’il fallait aussi qu’elle accepte de garder sa tête tournée vers ce mur et/ou son cahier.
Elle a accepté, je l’ai recadrée doucement de temps en temps quand un bruit attirait son attention ailleurs.
Nous avons ainsi créé une bulle, nécessaire le temps qu’elle acquiert les réflexes nécessaires à son apprentissage de cette matière.
PS : avec cette enfant, j’ai travaillé 3 ou 4 séances avant de trouver la solution des arcs-en-ciel.
A un moment, mon agacement devant mon impuissance à l’emmener vers les résultats à transparu et l’enfant m’a demandé si ça m’embêtait de travailler avec elle.
Je me suis rendu compte qu’on touchait là un point fondamental pour elle, surtout que quand je l’avais prise en charge, un autre adulte m’avait dit “bon courage avec celle-ci”.
Je lui ai répondu avec sincérité : “Non, ça ne m’embête pas du tout, je suis un peu fatiguée et contrariée de ne pas trouver comment t’expliquer mieux, mais je vais te proposer d’autres façons, et on va trouver !”
Avec d’autres enfants j’ai utilisé mes doigts, et parfois nous avons dû ajouter mes doigts de pieds 🙂 (canal kinesthésique ? 🙂 )

Remarque :
Dans tous les exercices/matières, mais particulièrement en calcul mental, quand l’enfant lève ou baisse les yeux, et que je devine qu’il écrit sur un tableau imaginaire, il est déterminant de le laisser faire et d’attendre sans l’interrompre.
Il ne faut surtout pas tenter d’accélérer son raisonnement. Chaque chose en son temps. Quand il aura appris, avec tout le temps nécessaire, puis se sera entrainé, son raisonnement s’accélèrera de lui-même.

2nd procédé :
Utilisation des éléments alentours, sortir du cadre formel.

1er exemple :
Une enfant butait sur comment classer des nombres en fonction de leur ordre de grandeur. Elle était fatiguée et j’ai décidé de la soulager par le jeu.
J’ai demandé à 2 autres enfants et à une autre bénévole de m’aider à faire une démonstration (merci à la bénévole concernée pour son attitude bienveillante).
Ensuite, j’ai proposé à l’enfant, de se lever, et de déplacer les copains en fonction de celui/celle qui avait la plus grande/petite taille.
Nous nous sommes bien amusés tous les 4.
Retour au formalisme :
J’ai fait constater à l’enfant que les signes supérieur et inférieur était plus grands d’un côté et plus petit de l’autre et donc que leur sens était visuellement repérable.
Bim, déblocage.

2ème exemple :
Une enfant devait décomposer le nombre 2000.
J’ai pris une feuille qui trainait sur la table, ai compté 20 carreaux, ai expliqué que je n’allais pas faire 2000 cases, que 20 seraient transposables 🙂
Je me suis rendu compte que si j’enlevai les côtés inutiles de la feuille, j’allais pouvoir faire plier cette feuille à l’enfant et que la démonstration allait tenir.
Puis j’ai demandé à l’enfant de plier la feuille au milieu. Puis de la déplier et de me dire combien de cases il y avait de chaque côté du pli.
“ – 10 cases.
– ok, on a 20 cases. Si on pli ces 20 cases en deux on obtient 2 fois 10 cases.”
J’ai fait un trait sous chaque groupe de 10 cases et ai écrit le nombre 10.
“- Donc on peut écrire, 20= 2x ?
– 10 !
15- Ouep ! allez, on va continuer à plier. Je te propose de plier en 2 la première partie de 10 cases, etc….”
Nous sommes arrivés à 4×5 puis 8x 2,5.
Nous nous sommes arrêtées là, les cases devenant trop imprécises lors du pliage.
La parenthèse du jeu intégrée à la recherche de compréhension a permis à l’enfant de s’aérer l’esprit et nous sommes donc revenues ensuite plus facilement sur la décomposition du nombre 2000.
J’ai juste eu à lui faire écrire 20 et 2000 sur une même ligne pour qu’elle se rende compte de la similitude et de la différence.
Ensuite, elle a fini le devoir.

3ème exemple :
Le devoir portait sur l’addition de nombres positifs et négatifs.
J’ai demandé à l’enfant si son lieu de résidence avait un ascenseur. Réponse oui. Avez-vous un sous-sol ? Non. Flûte, ok et est-ce que quelqu’un dans ta famille habite un immeuble avec un ascenseur et en sous-sol des caves et des parkings ? Oui. (Yes)
J’ai donc dessiné un axe vertical avec un rez-de-chaussée (0), des étages et des sous-sols.
Ensuite on a fait l’exercice donné, en montant et descendant les étages avec l’ascenseur.

4ème exemple :
Le devoir portait sur les unités de mesure du temps ave A. et Z.
Après avoir philosophé sur pourquoi le temps est découpé, quelles notions ont besoin d’avoir une universalité (“oui Z. comme le Kilo”), j’en suis venue à dessiner une pizza.
“- combien êtes-vous à la maison ?
– 5 !
– et tout le monde veut de la pizza ?
16- Oui ! 🙂
– alors on va faire 5 parts de pizza.
Voilà.
Maintenant, on va découper le temps exactement de la même façon, mais pas en 5.”
Et on a transposé le cadran d’une montre, puis continué le raisonnement.
On a aussi regardé la montre électronique de A. et constaté qu’on pouvait la régler sur un décompte de 24 ou de 12h.
La porosité entre les matières et entre les jeux et l’enseignement :
J’ai souvent mixé les matières et glissé du jeu dans l’enseignement ou de façon systématique de l’enseignement dans le jeu.
Cela a permis de comprendre des intitulés de maths, en reprenant les radicaux, ou d’illustrer une leçon, de façon ludique.
Cela a permis aussi de détendre le cadre :
A 17h30, les enfants ont eu 5/6h de travail assis en classe, et les adultes viennent de faire leur 7h de travail auxquelles il faut ajouter le temps de transport.
Tout le monde est fatigué et le prendre en compte me semble important.

L’ancrage chez soi :
Une chose qui m’a semblée primordiale est de rappeler aux enfants qu’ils sont nés ici.
Sur la ville (département 93) dans laquelle j’ai fait ce bénévolat, avec le type d’enfants que j’ai eus, il m’a semblé urgent de leur enseigner qu’ils ne sont pas à part des autres enfants.
Mais par extension, j’aurai aussi développé ce point de vue avec des enfants issus d’autres classes sociales.
Quand on leur demande quelle est leur nationalité, beaucoup, pas tous, mais beaucoup, répondent en parlant de leurs origines.
Je pense qu’ils sont enrichis d’origines métisses, mais je me suis employée à leur rappeler qu’ils sont français, nés en France, que la cité dans laquelle ils grandissent est la leur et qu’il est de leur/notre intérêt de voir qu’ils y sont bien.
J’ai par exemple travaillé sur l’emploi du mot Cité, connoté HLM pour eux. Et leur ai rappelé qu’une cité est une ville où qu’elle soit. Et que Cité ou Résidence c’est la même chose : un ensemble architectural d’immeubles (j’ai évincé le côté maisons sciemment pour simplifier, je garde la possibilité d’élargir plus tard).
“- Des murs, ce sont des murs. Ce qui change c’est comment on décide de s’y comporter.”
Exemple : Un enfant jette un papier au sol à l’extérieur devant la salle des devoirs.
“- Mais ! on ne jette pas des saletés là où on habite enfin !”
Le petiot :
“- mais je n’habite pas ici moi.”
“- Ah bon ? pourtant tu y fais tes devoirs. Tu joues au parc en face de la salle aussi. Et puis, ce petit bout de papier va être emporté par le vent ; il va peut-être finir par arriver devant la porte de chez toi.”
Eclair de compréhension. Je n’ai rien ajouté, il a ramassé son emballage.
Note : quand nous arrivons dans la salle et qu’il y traine des déchets (mouchoirs usagés, papiers, bonbons), je le notifie aux adultes et enfants : ces déchets ne sont pas ceux de notre groupe, ils étaient là lorsque j’ai ouvert la salle. Il conviendra d’en tenir compte et de ne pas en faire porter la responsabilité aux enfants de notre groupe.
Aparté : je promène souvent mon chien dans les rues de la ville et il arrive fréquemment, que les enfants me voient ramasser ses déjections (mon chien est une machine à crotter).
Du coup ils m’interrogent :
“- pourquoi tu ramasse ?
– Parce que c’est sale de laisser ça en plein milieu du passage, parce que c’est une règle de savoir vivre ensemble dans la ville, et puis aussi, parce que j’aime bien m’assoir dans l’herbe, et ne pas me retrouver sur une crotte de chien.”
Parfois un enfant me dit :
“- mais tu ne voudrais pas ramasser celle-là qui est en plein milieu du passage ?”
–> “Non Monsieur : c’est au maitre du chien dont cette crotte est sortie du derrière qui doit la ramasser. On est bien d’accord que tu chacun tire la chasse après avoir fait caca ? (les enfants se marrent mais comprennent le raisonnement). Là c’est pareil : chacun devrait s’occuper des crottes de son chien.”
Par ce biais, j’espérais bien qu’ils responsabiliseraient les adultes ne ramassent pas les
défécations de leurs chiens dans la résidence.
Une idée que j’ai échoué à faire valider par les autres bénévoles, était d’organiser cette année, des sorties en territoire local plutôt que de les emmener à Paris et de risquer d’entretenir dans leur esprit qu’”ici c’est nul, il n’y a rien à faire.”
Je voulais montrer aux enfants que leur ville est un endroit génial et qu’aussi bien au niveau du patrimoine, qu’historique ou écologique, ils avaient sous les pieds et autour d’eux un trésor.

C’est facile / c’est dur
J’ai beaucoup travaillé avec différents groupes d’enfants sur les notions de “c’est facile/c’est dur et Je suis/Il est bête”.
Cas pratique :
Un enfant, qui a des facilités en maths et qui est en difficulté en dessin, par exemple.
En l’entendant dire à ses camarades : “c’est facile !”, un brin moqueur (voir carrément méprisant, selon l’âge), je lui explique que ce n’est ni facile, ni difficile : son cerveau arrive à comprendre rapidement les raisonnements mathématiques (ce qu’il traduit par facile), mais d’un autre côté, ce même cerveau ne va pas réussir aussi rapidement et intuitivement à intégrer le fonctionnement de l’art graphique.
Ce n’est pas drôle, certes, mais nos cerveaux sont tous différents. Cependant, du coup, celui qui comprend les maths plus rapidement a plus de temps pour s’entrainer au dessin, en vice versa ! 🙂
Ainsi, celui qui se sentait supérieur grâce à sa rapidité en maths, et était très contrarié par son incapacité à réaliser des dessins aussi réussis que ceux d’un autre, a intégré qu’il n’y avait pas de choses faciles ou d’autres compliquées.

Je suis bête / nul
Pour déconstruire cette croyance, j’ai utilisé le raisonnement suivant : “tu n’es pas bête, tu ne sais simplement pas encore le faire”.
Quelle victoire quand un jour, fatiguée, et en échec sur un raisonnement de logique, je lâche un “mince je suis nulle dans ce genre d’exercice” et que K. m’a dit doucement : “tu n’es pas bête, tu ne sais pas encore”.
Une maman m’a dit une fois : “mon fils est nul en Anglais, il ne comprend rien.”
Après avoir fait un exercice avec le petiot (à base de grands gestes pour lui montrer les gestes “open the door” / “close the door”), je rassure la maman : il comprend très bien.
Et elle me dit : “mais moi je ne peux pas l’aider parce que moi je n’y comprends rien !”
“Ah mais là c’est différent 🙂 je vous propose, vu qu’il débute en anglais, d’apprendre avec lui.
Maman perplexe.
“Oui : en faisant ses devoirs avec lui, et en cherchant à comprendre avec lui, vous allez pouvoir apprendre avec lui 🙂 et vous parlerez tous les deux anglais !”.
A la fin de l’heure de devoirs de l’enfant, la maman vient le récuperer et me dit en partant : “au revoir.” Je réponds “non : Bye See you next week !” 🙂 Grands sourires échangés.

Différenciation entre “je suis bête/ j’ai fait un truc bête”
J’ai expliqué aux enfants, la différence entre ce que l’on fait, à un instant T, et ce que l’on est globalement”.
Ce que tu viens de dire est bête, oui, mais :
– tu as le droit de changer d’avis maintenant ou plus tard
– tu ne dis pas que des choses bêtes (là j’illustre en reprenant une de ses paroles récentes)
– personne n’est de façon définitive, ce quil fait ou ce qu’il dit à un instant T
Comparaison proposée :
“Moi, j’ai du mal à réfléchir et à être patiente si je n’ai pas suffisamment dormi et mangé. Et même si ces critères sont remplis, j’ai plus de mal à mener une tâche à bien en fin de journée plutôt que le matin.”
Rebond : “toi, qu’est-ce qui te mets dans de bonnes conditions ? à quel moment de la journée te sens tu le plus concentré ?”
“Il mange trop ! elle dort tout le temps !” (2 sœurs et un frère)
Explication :
Peut-être qu’il ne mange pas trop ; veux-tu dire qu’il mange plus que toi ?
Les 2 sœurs en chœur : “oui il veut toujours manger plus que nous !”
“Peut-être que son corps lui réclame en ce moment plus de nourriture que vos corps n’en réclament.
Par exemple, toi, ton frère et ta sœur me disent que tu dors tout le temps” 🙂 bon évidemment tu ne dors pas là, donc déjà on peut supprimer le “tout le temps” 🙂 les enfants se marrent et se détendent.
Moi je suis comme toi sur ce point : j’ai besoin de dormir près de 9h par nuit afin d’être en forme en journée, sinon, je suis ronchon. Et même des fois je fais en plus la sieste !! 🙂 .
Du coup, êtes-vous d’accord pour dire que S. a besoin de manger beaucoup et que Y. a besoin de dormir beaucoup, et non pas que l’un mange trop et que l’autre dort tout le temps ?”
Ils ont validé et je ne sais/prétends pas que c’est lié, mais le garçon a pris du poids par la suite.

Le calme / le bruit
Prise de conscience de la portée du son :

Rappel du contexte :
Les enfants sont une trentaine, nous sommes là pour faire des devoirs scolaires ou des jeux quand il n’y a pas de devoirs ou qu’ils sont faits.
Le bruit n’est pas, pour moi, un problème en extérieur, cependant, dans un contexte de travail qui demande de la concentration, je privilégie le calme.
Demander aux enfants si le bruit environnant ne les gêne pas eux-mêmes pour se concentrer sur leurs devoirs / est -ce qu’ils n’ont pas parfois mal à la tête ?
Rappel : dans la Nature, le cri est réservé aux situations d’urgence, au danger imminent.
Ecueil : faire comprendre aux autres bénévoles qu’on ne crie pas sur un enfant.

Procédé :
1ère étape : Faire observer que chacun parle de plus en plus fort et que comme personne ne
s’entend, chacun surenchérit 🙂
2ème étape : Faire observer la distance entre la bouche de celui qui parle et de l’oreille de celui qui écoute.
Je le fais en approchant mon doigt de la bouche concernée puis de l’oreille concernée.
Bien sûr j’adapte la gestuelle à l’âge de l’enfant ou de l’ado, mais je fais le geste pour illustrer mon propos.
Je leur rappelle les bases : pourquoi on ne court pas dans une salle.
Ça n’est pas fait pour (sauf les gymnases), ils risquent de se blesser en heurtant le mobilier.
“J’ai intégré que tu viens de faire une longue journée de travail, assis sur une chaise. Peut-être as-tu besoin d’aller courir et crier un bon coup dans un espace extérieur pour te défouler, avant de reprendre une activité posée ?”

Technique :
Séparer les enfants qui manifestent leur besoin de travailler et la gêne exprimée (sourcil froncés, attitude crispée, corps compacté au-dessus des devoirs, soupirs, et regards jetés alentours).
Leur proposer une table au calme.

Application :
Au début de ma première année, j’ai rencontré H. et ses sœurs.
H. en est responsable. Sa mère lui délègue la gestion de ses 4 sœurs, y compris celle de 2 ans que nous avons donc eu à chaque séance de l’association lors de ma seconde année de participation.
H. essayait de faire ses devoirs, tout en s’occupant de ses sœurs, ce qui était un travail de jongle éprouvant pour elle.
J’ai fait la chose suivante :
J’ai proposé à H. de s’assoir à la table derrière celles de ses sœurs et je lui ai dit la chose suivante :
“je vois que tu as la responsabilité de tes petites sœurs et je te félicite parce que je constate que tu t’en occupe très bien. Mais là, maintenant, je vais prendre ce rôle pour toi. Ainsi, tu vas t’accorder un temps pour toi, pour te concentrer sur tes devoirs.”
Ensuite, je me suis adressée aux petites sœurs : “Votre grande sœur s’occupe beaucoup de vous à ce que je vois”. Elles ont validé. “Je vous propose, ici, maintenant, de prendre son relais. Nous allons la laisser travailler à une autre table et je vais moi faire vos devoirs ou d’autres activités avec vous.” Etes-vous ok avec ça ?”. “Oui” (si elles avaient dit non, j’aurais traité leur(s) objection(s) jusqu’à ce qu’elles soient convaincues que c’était une solution acceptable).
Nous avons procédé au déplacement et je me suis occupée de la sororité pendant que H.a se concentrait sur ses devoirs.
Pas totalement, car je la voyais jeter des coups d’œil inquiets et parfois réprobateurs sur ses sœurs quand elles faisaient quelque chose qui contrariait ses règles.
Je l’ai rassurée une fois : “ne t’inquiète pas, tu vois bien que je m’occupe d’elles, je vais te les rendre entières et maintenant, prends du temps pour toi, pour faire tes devoirs.”

Fermeté / Respect :
En dehors de cas très spécifiques qui ont nécessité un travail plus long, les enfants m’ont immédiatement rendu le respect que je leur donnai. Justement parce que j’étais dans un réel respect avec eux et pas dans une volonté de les soumettre à moi.
J’ai entendu des adultes me dire que les enfants se moquaient de moi.
J’ai répondu non, puis tempéré : peut-être, dans l’instant, mais globalement non.
Je persiste : j’ai obtenu le respect des enfants que j’ai accompagnés.
Chaque adulte présent à une table de travail pendant que je travaillais n’a pu que le constater.
J’ai cependant du parfois reconquérir ce respect lorsqu’un enfant avait vu un autre adulte me manquer lui-même de respect, ne serait-ce qu’en surprenant un regard, un geste même infime des épaules ou d’ailleurs.
Je n’ai pas su gérer correctement certains conflits que j’ai eu avec des membres de l’association.
Je le regrette. Cela m’a affecté personnellement.
Je travaille sur les solutions que je dois apprendre à mettre en œuvre pour surmonter cette difficulté relationnelle.
Ça serait bien que les autres y travaillent aussi… Et d’ailleurs je pense que l’école a un rôle à jouer sur ce point.
Cependant, les répercutions que ces conflits d’adultes ont pu avoir sur les enfants, même si par chance elles ont pu être mineures, sont inacceptables selon moi car elles sont néfastes pour les enfants in fine : elles dépendent des adultes et les enfants n’ont pas à subir les dysfonctionnements des adultes. Or c’est ce qu’ils sont amenés à faire quotidiennement finalement.
J’ai entendu que j’étais extrémiste aussi, ou trop investie. Le fond de ma pensée est que chaque adulte devrait être investi totalement dans l’éducation de nos enfants. Pas nos au sens les miens, nos au sens les enfants humains. Tous autant qu’ils soient.
Pourquoi ?
Parce que chaque mini entrave au développement de l’enfant, se cumule à une autre.
Appliquons cela à un calcul mathématique et le résultat obtenu sera très éloigné d’une opération réussie.
Bien entendu, se pose là la question de la capacité de la transmission.
On ne peut transmettre que ce que l’on connait. Comment fait-on dans le cas contraire ? (Point à développer avec des idées déjà dans ce CR).

Exemple du respect de l’individu et de la vie en collectivité :
Une enfant m’a dit un jour que son père avait dit que “mon chien faisait ce qu’il voulait lorsque je le promène.”
J’étais vexée et j’ai dû me retenir de rétorquer “ton papa aimerait sûrement bien que ta maman le laisse se promener comme moi je laisse mon chien se promener !”
J’ai expliqué que :
“- Quand je sors mon loustic pour SA ballade, ça ne change rien qu’on choisisse d’aller d’un côté plutôt que d’un autre.
Sa ballade a pour but qu’il fasse ses besoins, qu’il croise des copains chiens et qu’il se dégourdisse les pattes. La seule chose que je lui impose, c’est d’attendre mon aval pour descendre du trottoir. Alors s’il veut qu’on passe par un chemin plutôt qu’un autre, oui, je le laisse décider. A te semble ok ?
– Oui 🙂
– Voilà, il ne fait pas ce qu’il veut, mais quand on je le promène, on peut choisir un chemin ou un autre, peu importe, du moment qu’on se fait plaisir, et qu’on (changement de tonalité) reste sur le trottoir.” 🙂 Gloussements de l’enfant.
Je me rends compte en l’écrivant que cette démonstration s’inscrit aussi dans la différence entre laxisme apparent et bienveillance cadrée, le tout étant difficilement déchiffrable pour ceux qui tiennent à ne pas comprendre.

Illustration graphique :
Prenons une règle, traçons une droite disons de 30cm et avec un rapporteur, traçons un angle de 40°.
Le côté opposé du triangle ainsi créé mesurera XXcm. Si on se plante de 1 un degré sur l’angle, le côté opposé mesurera XXcm et si on c’est aussi dit qu’il ne servait à rien d’être très précis si la mesure de la droite initiale et qu’on l’a faite de 32 cm, le côté opposé mesurera xxcm.
Les émotions sont la base d’un être humain. Il est primordial d’être le plus précis dans leur connaissance, leur apprentissage et donc leur transmission.
Je pense aussi, qu’en cumulant des erreurs, une petite par ci, une autre petite par-là, on arrive à une population adulte dont XX% est droguée à la cigarette, XX% est droguée à l’alcool, XX% est sous calmants et/ou excitants, XX% est sous drogues illicites.
Sans compter que socialement, en France, il est encore considéré comme preuve de maladie mentale d’aller demander de l’aide auprès d’un psychologue. Euh …

Les punitions :
Je n’ai pas eu à punir d’élèves, mais j’ai assisté, en dehors du contexte de l’association, à un mode de punition que je ne comprends pas : l’exclusion.
Contexte : un enfant jugé perturbateur par le médiathécaire, se retrouve exclu de la médiathèque pour 1 mois.
Y-a-t-il une seule personne parmi celles auxquelles j’aurai envoyé ce rapport une seule qui puisse me dire ce qu’elle a elle-même un jour appris en se retrouvant dehors, livrée à la Rue (surtout dans le contexte 93) ?
On n’exclut pas un enfant. Et l’exclure sans qu’il n’y ait un échange productif entre lui et un adulte pendant un éventuel temps séparé du groupe est plus une mise en danger qu’autre chose.

Les larmes :
Je vais zapper le chapitre sur le fait que les garçons ont le droit de pleurer (les yeux des garçons, ne sont pas différents de ceux des filles / les émotions des premiers ne sont pas différentes des celles des secondes) je vais considérer que tout le monde a acquis cela. Même si ça n’est évidemment pas le cas.
Mon avis est que la question de la considération des larmes est purement sociétale et qu’enseignée aux enfants, elle est nocive.
Voici donc comment j’ai désamorcé ce point avec les enfants, filles et garçons.
L’enfant pleure.
Je lui demande pourquoi.
Il m’explique et me relate une situation qu’il a vécue comme injuste.
1ère chose, je lui explique que de son point de vue, j’admets que l’on puisse considérer qu’il y ai effectivement eu injustice.
2ème chose je lui soumets une autre lecture de ce qui s’est passé : “Peut-être que l’adulte qui a pris cette décision l’a fait en tenant compte de critères que toi et moi ne connaissons pas” (par exemple).
273ème chose, je valide que la réaction qu’il a, en l’occurrence, pleurer, me semble tout à fait acceptable.
En effet, l’autre choix qu’il aurait pu faire aurait été de se mettre en colère.
Or la colère lui aurait causé des ennuis. Elle n’est pas acceptable dans le cadre ici présent. Du coup, je valide sa stratégie de laisser sortir ses émotions par ses yeux, en pleurer (et par son nez aussi, ça l’a fait rire).
Une fois cela réglé, il me dit :
“Mais ça se voit que j’ai pleuré”.
Là, et j’ai moi même expérimenté cela en tant qu’enfant puis adulte, souvent la personne à qui on s’adresse répond : “Mais non, ne t’inquiète pas ça ne se voit pas.”
Mais moi ça m’inquiète justement.
Pour 2 raisons : la 1ère, c’est faux, Ça se voit !
Et surtout la 2nde : Si on me ment pour un truc franchement pas si grave, alors comment garder confiance en la personne qui me dit ça ?
Du coup, j’ai pris le contre-pied et j’ai dit :
“Oui, ça se voit. Mais on s’en fiche ! 🙂 “
On s’en fiche parce que tout le monde pleure à un moment où à un autre. Et c’est normal. Pleurer est d’ailleurs plutôt acceptable pour évacuer socialement les émotions que tu ressens. C’est à dire que tu ne pouvais pas te mettre en colère. Tu te serais fait gronder.
Ensuite je lui ai proposé plusieurs stratégies notamment si un camarade lui demandait s’il avait pleuré et pourquoi et qu’il n’avait pas envie de dire que oui, il avait pleuré.
– dire qu’il faisait une allergie.
Pour faire désenfler ses yeux rougis, je lui ai proposé d’aller passer de l’eau sur son visage et de respirer profondément en regardant en l’air. (Ce n’est pas une stratégie prouvée scientifiquement, mais elle fonctionne à peu près pour moi 🙂 .)

Procédé Jeux :
1ère étape : s’assurer que chacun connait la règle du jeu / sinon demander aux enfants qui la connaisse s’ils peuvent l’expliquer au(x) copain(s) / sinon, la lire avec les enfants (cf procédé lecture).
2ème étape : jouer / rappeler qu’on joue ensemble donc quand ça n’est pas son tour, on regarde ce que fait le copain / désamorcer l’importance de gagner VS la colère/honte de perdre.

Exemple concernant le fait de gagner ou perdre :
“On est 5 à jouer, untel a gagné, untel a perdu. Et les autres alors ? ils n’existent pas ?
L’important c’est le temps qu’on passe ensemble, c’est le plaisir de rire (et je me moque en particulier de moi, toujours avec bienveillance, en veillant à ne pas me dévaluer) et d’apprendre !
On n’est pas en train de faire une coupe du monde-là, on joue ensemble.”
Quel plaisir quand on joue et que les enfants oublient de compter les points (= cette expérience m’est arrivée 2 fois, à chacune des fins d’année de ces 2 années de bénévolat dans cette association).

La politesse :
Dire bonjour c’est de la politesse.
Demander comment ça va c’est uniquement si ça nous intéresse, sinon c’est inutile voire hypocrite.
Quand la question est posée, répondre “ça va” sur un ton qui dit tout l’inverse, c’est fort dommage. Non ?
J’ai vu un reportage dans lequel une étudiante espagnole expliquait que c’était une habitude typiquement française et combien cela la désarçonnait.
Autant dire la vérité et si on n’a pas envie de s’appesantir le dire également.
C’est quelque chose qui ne doit pas être transmis aux enfants.

L’alimentation :
A. avait pour devoir de décortiquer un repas de la cantine. Ce repas était composé de betterave, de pates et de poulet, de fromage, et d’un yaourt. La question était de savoir de quel aliment il pourrait se resservir.
Spontanément il me dit : “des pâtes ! parce que les betteraves c’est sucré.”
J’ai commencé par détailler avec lui la composition de chaque aliment.
“- Les pâtes, ce sont des céréales… Comme dans le pain. Il a validé qu’il en mangeait déjà au petit déjeuner. Du coup il était d’accord avec moi pour entendre que ça faisait déjà beaucoup de céréales pour ne pas s’en resservir.
Nous avons détaillé chaque aliment puis j’ai tenté de lui en expliquer la fonction pour notre corps.
J’ai eu du mal. Puis m’est venu une idée !
A. est fan de voitures j’ai donc utilisé la comparaison suivante :
“- Imagine une voiture diesel, et à la pompe à essence, le conducteur se trompe et met”
Je n’ai pas eu le temps de finir qu’A. s’est frappé le front et m’a dit :
“- Mais ça va casser le moteur !!
– Oui 🙂 ! exactement ! c’est pareil pour notre corps, il a besoin qu’on l’alimente correctement ! Donc, le seul légume de ton menu c’est ?
– les betteraves !
– Oui ! et si tu as faim en dehors des repas et qu’il reste des betteraves au frigo, tu peux te resservir !
sans trop de sauce, ou juste un peu d’huile (toujours l’analogie avec le moteur 🙂 ) En plus, tu verras, quand on mange beaucoup de betteraves, on fait un pipi un peu rose, c’est rigolo 🙂
De plus en plus de cantines scolaires passent au bio. C’est super. Cependant, le piège est de continuer à acheter des plats industriels : ok ils sont bio, mais ils n’en sont pas pour autant sains :
quid de la quantité de sel contenue, entre autres.

Un cours de nutrition serait franchement génial :
– D’où viennent les ingrédients / que font-ils (ou ne font plus) quand on les mélange / de quoi notre corps a besoin et à quel moment / d’où vient l’eau (point crucial).

Les goûters lors des sorties :
L’association organise des sorties pendant les petites vacances scolaires. Les jours précédents ces sorties, nous faisons un atelier cuisine pour préparer un en-cas pour la sortie. Ces ateliers sont très appréciés par les enfants et par les adultes.

C’est l’occasion en autre d’aborder l’hygiène :
“- Oui on peut lécher la spatule, les bols, etc., mais seulement quand on a fini de les utiliser.
– Ma maman dit que c’est sale de lécher les ustensiles.
– Ben tu fais comme tu veux, mais moi je me régale :)”
La petiote s’y est mise de bon cœur 🙂
Ces ateliers sont sympas, ludiques, utiles à la pédagogie
J’ai participé à l’un d’entre-eux et nous avons utilisé des ingrédients bio pour faire des pains d’épices 🙂 . Quitte à faire un shoot de sucre aux enfants, autant le faire avec des sucres de qualité.

Terrasses d’été :
Les terrasses d’été sont des activités proposées par le service jeunesse et sport de la ville.
Je me suis impliquée dans 2 de ces évènements. Voici un debrief :
J’ai participé à la tenue d’un stand d’une association bio. Nous préparions du jus de fruits bio et invitions les enfants à sélectionner des morceaux de fruits présenter en vrac et de les mixer ensuite eux même.
Etant première au contact des enfants, au niveau du saladier de morceaux de fruits, je les ai invité à deviner à quel fruit appartenait chaque morceau. C’était moins évident qu’on ne pourrait le penser …
L’activité leur a beaucoup plu. Une fois leur jus avalé, ils étaient ennuyés :
“- On fait quoi maintenant ?
– tu peux faire un jus pour la personne qui t’a accompagné à la terrasse” 🙂
BIM certains ont fait plusieurs jus.
Cependant, une maman m’a fait une remarque :
“- il n’est pas bon votre jus, il manque de sucre !
– c’est parce qu’il ne contient que le sucre des fruits. C’est ça un vrai jus pur jus.”
Ça n’a pas pris. J’ai suggéré à l’association d’ajouter la mise à disposition de miel ou d’autre agents sucrants afin de contrer l’argument “le bio ce n’est pas bon”
De plus, il m’a fallu à moi-même près d’un an pour dépasser ce sentiment. Fallait voir ma tête à chaque repas bio chez mes amies qui m’ont convertie ! 🙂

Lors d’une autre Terrasse d’été, un stand a attiré mon attention :
Un stand qui détaillait la quantité de sucre contenue dans chaque aliment industriel. Le bénévole faisait la démonstration à l’enfant du nombre de morceaux de sucre dans un coca et demandait :
“- Tu mangerais autant de morceaux de sucre d’un coup ?”
l’enfant reculait en grimaçant : “non ! beurk” Wow, c’était efficace.
Je faisais alors la remarque qu’il était dommage que l’enfant ne se voit pas proposer une boisson saine.
Et l’animateur de me montrer le stand mis en place par le service Jeunesse : des cakes et jus industriels.
J’en ai fait la remarque à la Directrice du service et certes je ne suis pas encore performante en CNV, mais mince, au lieu de valider et de proposer des fruits (même pas forcément bio, à minima des fruits !) et des jus sains, elle s’est braquée.
Son égo et mon manque de doigté l’ont conduite à ne pas prendre en considération l’intérêt de ma remarque.
–> je peux travailler sur la qualité de mon expression, mais c’est épuisant de devoir travailler l’égo de chaque interlocuteur alors que les résultats de changements minimes seraient tellement bénéfiques pour tous ! (Rappel en plus je suis bénévole !)Conclusion : développer mes compétences en PNL et en CNV.

Les projections des parents sur les enfants :
L. est une jeune fille de 11 ans. Douée en comédie, je l’avais vue sur scène lors d’un spectacle, alors que je ne la connaissais pas.
Je travaille avec elle sur ses devoirs et un jour elle se confie à moi.
Sa maman veut qu’elle fasse médecine car elle-même a du interrompre ses études à cause de L. Mais L. voudrait devenir comédienne.
Elle m’explique que sa maman, enceinte d’elle lors de ses études de médecine, a eu le dos abîmé et a dû les interrompre.
Je demande si aujourd’hui son dos va mieux. Elle valide. Ok alors finalement elle pourrait reprendre ses études ? J’explique à L. que j’ai le même âge que sa maman et qu’actuellement j’ai repris mes études en immobilier.
Prise de conscience : ta maman a choisi d’interrompre ses études et ça lui ferait sans doute grand plaisir que toi tu réalises son rêve. Tu peux aussi réaliser ton rêve. Et même : rien ne t’empêche de faire les 2 ! 🙂
Je lui cite plusieurs comédiens qui ont fait un double cursus.
La maman est venue me demander à la fin de l’année “ce que j’avais fait avec sa fille”. 🙂
Note : les parents aiment leurs enfants. Mais parfois ils ne savent pas comment les aimer sans leur faire du mal. Cf : un homme qui bat sa compagne l’aime généralement. Il l’aime mal.

L’inscription sur la feuille de présence :
Le contexte :
L’aide aux devoirs dure 2h. Les enfants arrivent de faon plus ou moins désorganisée et nous n’avons pas la possibilité de faire l’appel. Nous les enjoignons donc à s’inscrire sur une feuille de présence placée à l’entrée de la salle.
Suite au constat fait nous avions plus d’enfants participants que d’inscriptions enregistrées sur les feuilles de présence, j’ai proposé un nouveau procédé.
La réponse obtenue a été : “Ils savent déjà qu’ils doivent s’inscrire, nous le leur répétons tous les ans !”
“ok, mais ils ne le font pourtant pas, alors nous n’avons rien à perdre à tenter une nouvelle méthode ?”
“Yes, vas-y !” —> Merci, merci, merci !
J’ai porté mon attention sur l’accueil des enfants pendant plusieurs permanences et voici donc le process que j’ai appliqué :
1 “Oui je comprends que c’est agaçant de devoir s’inscrire à chaque fois sur cette feuille.”
2 “Sais-tu pourquoi nous te demandons de le faire ?” (Je n’ai pas un enfant qui m’a répondu oui)
3 Transmission de l’explication : “S’il t’arrive qqc, nous devons pouvoir faire intervenir les pompiers, et l’assurance qui prendra en charge les soins nécessaires. C’est primordial, c’est une question de sécurité. Et tu sais quoi ? moi aussi je veux être protégé au cas où il m’arrive un problème, du coup, moi et les autres bénévoles, nous allons nous inscrire sur cette feuille !” (Ce que nous avons fait)
4 Quand un enfant arrivait et filait directement en salle, sans s’arrêter à l’inscription, après avoir revalidé avec lui s’il savait pourquoi il était nécessaire de suivre le process, je me tournai vers ses camarades et leur proposait de le lui expliquer.
Bingo : ils le faisaient, il allait s’inscrire, et je lui rappelais de bien l’avoir en tête à sa prochaine venue.

Manger dans la salle :
Un jour il y a eu un incident avec K – 8 ans, rebelle en herbe. Voici ce qu’il s’est passé :
Je passe entre les tables et remarque que K. cache quelque chose sous la table. Je réfléchis, me dis que je ne vois pas de danger imminent et je choisis d’ignorer son acte.
Au moment où je le dépasse, je lis dans ses yeux qu’il se réjouit de m’avoir bernée.
Je fais donc demi-tour, me baisse à son niveau et lui dit à l’oreille : “j’ai vu que tu es en train de cacher quelque chose. J’ai choisi de l’ignorer parce qu’il me semble que tu n’es pas en train de te mettre en danger, toi ou tes camarades. Mais ne pense pas m’avoir bernée : j’ai choisi de te laisser faire ce que tu es en train de faire.”
Je le lui ai dit à lui, à un niveau sonore qui a fait que lui seul a entendu mes mots. Je ne l’ai pas humilié publiquement.
J’ai vu dans ses yeux qu’il était interloqué, mais que tout manque de respect avait disparu.
J’ai continué ma route.
Un instant plus tard, un scandale éclate : une autre bénévole avait fait sortir à K. son butin de dessous la table : un paquet de chips !
Paquet de chips aussitôt confisqué parce que “on ne mange pas dans la salle !”
Scandale, pleurs, cris.
Je demande à l’adulte si je peux m’en mêler et elle valide (merci, merci).
Je retourne voir K., maintenant furieux et en larmes et lui demande ce qu’il s’est passé.
Réponse : “ elle m’a volé mes chips pour les donner à son fils !”
Moi calme et douce : “K, regarde-moi s’il te plait.
Je lui ai laissé un instant et j’ai réitéré ma demande en douceur afin qu’il voie mes yeux, mes émotions.
Puis je lui ai dit fermement en modulant ma voix : ”tout d’abord, elle n’a pas de fils. Ensuite, si elle veut donner des chips à sa fille, elle lui en achètera. Ce n’est pas une voleuse, ce point-là n’est pas discutable” ; et que ses chips lui seraient rendues à la fin de sa session de devoirs.
“Elle te les a pris parce que tu ne respectais pas la règle de ne pas manger dans la salle, mais sais-tu pourquoi on n’a pas le droit de manger ici ?”
“non m’a-t-il répondu.”
Moi : “ben moi non plus !” là, K s’est complètement détendu et je lui ai proposé qu’on élucide ce mystère.
Je suis retourné voir la bénévole, l’ai interrogée et ai appris que la règle découlait du fait que si les enfants mangeaient, ils salissaient tables/chaises et sols et qu’aucun bénévole n’avait envie de faire le ménage. Moi y compris, sans réflexion !
Cette explication m’a semblé légitime et je l’ai rapportée à l’enfant.
Elle lui a semblé légitime aussi, d’autant que je lui avais déjà expliqué notre statut de bénévole. Et que je l’ai fait sourire en lui expliquant d’un air buté que “aider aux devoirs oui ! se farcir le ménage en plus du mien non !” Le tout avec un (grand) sourire.
Puis, je lui ai dit qu’il avait blessé l’adulte et qu’en l’occurrence, je n’avais pas à lui apprendre que c’était une bénévole géniale, et qu’il serait bien qu’il aille la voir pour lui dire que “maintenant il a compris pourquoi personne ne devait pas manger dans la salle.”
Quel plaisir de le voir quelques semaines plus tard, tarder à entrer et l’entendre me répondre quand je lui demande pourquoi : “je fini mes chips” !! 🙂
Quelle difficulté et incompréhension j’ai ressenti en ce début de deuxième année en voyant une bénévole éplucher ses clémentines dans la salle 😦
Ce qui me fait arriver maintenant à l’horizontalité de la relation.
J’ai refusé que les enfants m’appellent Madame, je les ai autorisés à se tromper en me nommant, et en leur faisant remarquer que j’étais la première à bloquer sur leurs prénoms et que j’aurais été bien mal placée pour me vexer de la réciproque. 🙂
Et à m’en excuser platement auprès de ceux que ça vexait. Et à en rire, avec ceux qui au bout de deux ans se trompaient aussi sur mon prénom.
J’ai refusé d’enfreindre les règles que je leur demandais de respecter.
Ils ne mangent pas dans la salle aux devoirs, je ne mange pas dans la salle aux devoirs. Ils ne crient pas, je ne crie pas. Ils ne chahutent pas en intérieur, je ne chahute pas en intérieur. Ils ne se/me manquent pas de respect dans ou en dehors de la salle et bon, on a tous compris le principe.
Enfin pas tous malheureusement : à la maison, à l’école, à la médiathèque, dans la rue, partout, les adultes exigent des enfants une soumission. “Reste à ta place.”
J’ai vu les bonnes émotions (les émotions réelles, pas seulement en me fourvoyant derrière, des “non mais ce n’est pas grave”, non mais il n’a pas pensé ça”).
J’ai parfois stoppé net une action pour revenir sur un acte fugace qui venait de se jouer : “là ce n’est pas toi (traditionnellement le perturbateur tout désigné) qui est en cause. Cette fois ci c’était toi, en en désignant un autre.”
Pour les sœurs XX, j’ai travaillé avec les 2 à la même table.
La plus grande va vite et verbalise ses réponses. La seconde, prend son temps et garde ses réponses en elle.
A la première, j’ai fait remarquer qu’elle devait attendre patiemment son tour de réponse et que si elle répondait à nouveau à la place de sa sœur, je la ferai changer de place et travailler avec un autre groupe.
A la seconde, j’ai fait remarquer que je voyais bien qu’elle avait trouvé une réponse, mais que je ne pouvais pas lire dans sa tête qu’il allait falloir qu’elle utilise sa voix, afin de me dire cette réponse. 🙂

La méthode de résolution des problèmes de Palo Alto :
Je viens de m’équiper d’un jeu de carte illustrant la méthode de résolution des problèmes de P..
Je l’expérimente avec un enfant de 13 ans, qui a du mal avec sa professeur de mathématiques.
Le jeu illustre les intervenants, la situation de blocage, les émotions exprimées, les stratégies déjà utilisées et les stratégies alternatives à étudier.
C’est un outil for-mi-dable !
Voici ce que j’ai appris au cours d’un long travail d’apprentissage : on ne peut pas changer l’attitude ou la réaction des autres, mais on peut changer comment nous réagissons et comment nous choisissons de vivre un événement.
Ce jeu de carte me permet de le mettre en pratique pour moi et avec des enfants (selon leur maturité, pas d’âge précis, cela varie d’un individu à un autre).
Apprentissage de l’informatique ou apprentissage de l’Humain ?
Il s’agit là d’un grand débat que nous avons de façon récurrente dans l’association.
Doit-on pousser l’apprentissage des outils informatiques dès le plus jeune âge ?
Je suis partisane du non.
Je pense que les enfants apprendront bien assez vite à utiliser des machines (quand ce n’est pas déjà le cas cf. les enfants de 3ans qui ont déjà un smartphone entre les mains).

Du constat de la violence à l’école :
Dans le collège de ma ville, un constat est inévitable : la violence est bien implantée.
J’avais cette intuition qui m’a éclatée au nez lors d’une réunion dans une salle de la médiathèque, organisée par le Département et qui souhaitait trouver des solutions à une bagarre qui avait eu lieu au collège. J’y étais allée en tant que citoyenne qui considère que mon environnement, et donc le comportement des enfants que j’y croise m’importe.
Entre les élèves, entre les professeurs et la Directrice, entre les professeurs et le rectorat, entre les parents et les élèves. Et si j’en oublie, ce n’est qu’un oubli, pas qu’il n’y a pas d’autres violences.
Des élèves s’étaient battus, un prof s’est pris un coup en tentant de les séparer. Grève, collège fermé, élèves livrés à eux-mêmes quand les parents ne peuvent pas poser des congés payés ou pas.
Cet événement a été grave et à causer le changement de collège de l’équivalent d’une classe.
Au cours de cette réunion, nous avons constaté que les parents et la Directrice n’avaient pas réussi à communiquer et que les premiers apprenaient seulement ce jour-là les détails de l’incident. A savoir que le coup, lors de son amorce, n’était pas destiné au prof.
Des anciennes élèves, présentes car elles faisaient un stage à la médiathèque, ont osé prendre la parole pour relater des paroles entendues dans la bouche d’un de leur ancien professeur.
A savoir qu’il avait affirmé aux enfants ne faire son boulot que pour être payé et que le reste il en avait ras le bol.
Je comprends assez bien, je pense, l’état de fatigue et de désarroi dans lequel il devait se trouver.
Et certainement depuis un long moment.
Après tout, j’ai moi-même entendu ce genre de paroles lorsque j’étais collégienne. Beaucoup d’adultes aujourd’hui en ont fait l’expérience. Non ?
Là où les choses s’aggravent encore c’est quand une des personnes présentes, accessoirement prof et adjointe au Maire, a réfuté totalement les dires des 2 jeunes en utilisant l’argument qu’”elle n’avait jamais entendu, elle-même, aucun propos de ce genre en salle des classes !”
Euh.
On a d’un côté des profs au bout du rouleau qui auraient besoin d’aide et d’écoute, des élèves choquées mais qui prennent quand même la parole calmement et avec courage, et de l’autre, une figure d’autorité qui est dans la négation totale des problèmes pourtant exposés clairement sous ses yeux.
Autant vous dire que la réunion n’a pas donné lieu à des solutions concrètes.
Je suis sortie de là en comprenant que le problème des enfants, ce sont les adultes.

Du nombre d’enfants dans la classe :
Des enfants que je connais est scolarisé dans une Ecole Waldorf-Steiner. J’en parlais avec d’autres bénévoles et j’ai reçu l’objection :
“- Mais c’est facile, les enfants sont peu nombreux par classe !
– En fait non, ils sont 32 dans la classe de 8ème de l’un d’entre eux.
– c’est quoi 8ème ?
– CP c’est 1ère classe et on compte ainsi jusqu’à la terminale. Oui, l’Education nationale a trouvé logique de nommer les classes “CP, CE1, CE2, etc…., mais je ne vois pas en quoi ça a simplifié la lecture du niveau de l’élève. Bien au contraire. C’est bien plus logique, simple et lisible de parler de 1ère année, de 2ème, etc. Non ?”
Là je souhaite défaire une croyance populaire (au sens où elle est majoritairement intégrée à la population) qui dit que le nombre d’élèves dans chaque classe est un facteur primordial.
Ce n’est pas le nombre d’enfants qui est facteur de réussite : c’est l’attitude des adultes qui les accompagnent.
Dans cette école, les professeurs sont équilibrés et la même maîtresse suit son groupe sur tout le primaire.
Du coup elle les connait bien et n’a pas à refaire ce travail de découverte des personnalité chaque année, même si bien sûr les enfants évoluent tous les jours et que cela doit être pris en compte.
C’est quand même bien moins fatiguant pour elle que de devoir jongler avec plusieurs groupes chaque année !
Cela lui permet aussi d’intégrer plus facilement de nouveaux élèves. Pour l’enseignant comme pour le groupe d’enfants.
Le système actuel, qui attribue une matière ou une année par prof, complexifie la relation entre les élèves et les profs. Idem pour les parents qui en viennent à comparer les professeurs d’une année sur l’autre, au péril de tous.

Responsabilité des parents ou des professeurs ?
Les deux mon Capitaine !
Je m’explique :
Les profs attendent des élèves à minima éduqués par les parents au niveau des émotions et du savoir être. Les parents attendent des enfants éduqués, cultivés ayant acquis du savoir-faire auprès des professeurs.
Mais :
– les parents (ni même les prof) n’ont pas reçu eux non plus un enseignement sur leurs émotions.
Pire, la société (française, j’ai cru voir que les pays nordiques accordaient une attention particulière à ce point), nie l’importance de celles ci.
– tout le monde s’empoisonne en mangeant ce que les grandes surfaces (soutenues par les autorités de contrôle) mettent à notre disposition (et je ne m’étends pas sur la toxicité aujourd’hui avérée des produits ménagers, d’hygiène et jusqu’aux fibres de nos vêtements)
– tout le monde donne plus d’importance à l’apparence et aux plaisirs immédiats plutôt qu’à des choses simples mais vitales (d’ailleurs il y a ici un lien de causalité entre le fait que les populations des cités HLM ont souvent des smartphones que les classes intermédiaires ne se permettent pas de s’acheter)
– la société, les médias, la publicité se fait un grand plaisir d’en rajouter en faisant monter la jalousie autour des objets, et de l’importance de répondre à des critères de beauté subjectifs tout en mangeant des produits non nutritifs mais bien caloriques
– les profs veulent garder leur job, du coup, il ne faut pas contrarier l’inspecteur général ou le Directeur. Ces derniers sont des administrateurs et n’ont pas toujours de notions de besoin de l’enfant. Sinon ils seraient tous d’accord pour changer les façons de faire et il ne serait plus question d’exclusions
– les parents ont un travail eux aussi et font ce qu’ils peuvent pour le garder
– tout le monde subit l’injonction d’être présentable, bien habillé, surtout pas taché (c’est graaave d’avoir une tache sur son pantalon, très graaaave). Pour les femmes c’est encore pire : épilées, coiffées, maquillées, à la mode aussi (et c’est pratique ça pour l’économie, ça oblige à renouveler sa garde-robe deux fois par an), rayonnantes doivent-elles être sinon gare aux réflexions.
– évidemment, comme il n’y a plus beaucoup de petits commerces, remplacés par les grandes surfaces, ça prend du temps d’aller faire toutes ses courses dans un seul endroit à un seul moment.
Ou alors ça coûte cher d’aller dans les supérettes de quartier.
Raison de plus pour taper sur la bonne nourriture, fantasmée trop chère, qui devient réservée aux Bobos (c’est un mot qui génère énormément d’animosité, en tous cas dans ma ville).
Bref, on court, on court, on se dépêche de répondre à tous les critères et on n’a pas trop le temps de faire l’essentiel : vivre et passer du temps ensemble.
Alors parfois, on fait un repas entre voisins.
Oh là là. Moi, toute gentille (perchée) que je suis, je m’attendais à un événement sympa, on ne peut pas tous s’entendre, certes, mais on peut au moins tous se respecter.
Ben non. Je me suis rendue compte d’un truc lors de mon premier repas avec mes voisins : Tout le monde il est beau, il est gentil. Ouep. Mais le premier qui quitte la table a perdu. A peine s’éloigne-t-il que les discussions s’axent sur lui. Et attention ! il est refait ! et blablabla et blablabli.
Niveau courage, bienveillance, intérêt du propos, wow c’est violent.
Le repas suivant j’ai tenté d’être parmi les derniers à quitter l’événement !
Je n’ai pas réussi à rester jusqu’au bout. Mais au moins il y avait moins de monde qui avait la possibilité de parler sur mon dos ! 🙂
Mais pour revenir à mon propos : la bienveillance est absente. Les enfants eux sont là. Et ils entendent, puis reproduisent les schémas vus chez les adultes.
C’est très compliqué de faire changer les adultes.
D’abord ils n’en n’ont pas envie (c’est dur de changer, et puis ils ne voient pas le problème, ils vont très bien eux : ils ont une situation matérielle, un emploi (qu’ils détestent et font parfois par-dessus la jambe mais là n’est pas la question ho !).
Et ensuite, c’est une prise de conscience considérable et très dure que de se rendre compte qu’on a bâti toute sa vie sur des concepts qui nous sont nocifs à nous même.
Alors on laisse couler, et on reproduit le schéma. “Tout va bien je te dis”, la cigarette ou la chips à la main, le verre d’alcool ou le magazine féminin ouvert page du régime miracle devant soi.
Faire changer un enfant qui a déjà reçu ce schéma est possible et beaucoup plus “facile” : il a moins de constructions à démolir.
L’enfant, lui, en est demandeur. Il voit les incohérences des adultes et les injonctions à faire comme tout le monde pour pouvoir s’intégrer.
Je m’interroge sur le rapport entre le lien la crise d’adolescence d’un jeune qui devient adulte et sa prise de confiance des dissonances entre l’éthique qu’on lui demande d’avoir et la réalité à laquelle il va devoir composer.
Exercice au service de l’Humain :
J’ai imaginé un exercice que je vais faire avec les enfants :
Leur montrer une échographie d’un bébé prêt à naître et leur demander ce qu’ils voient.
Ils répondront un bébé. Je leur demanderai si c’est un bébé chat et ils riront.
Nous statuerons que c’est un bébé humain.
Leur demanderai si ce bébé est une fille ou un garçon. Si sa peau est blanche, noire, ou d’une autre teinte.
Je développerai (bien/mal habillé, propre/sale, riche/pauvre, etc.).
Je prendrai mon temps pour les laisser répondre et intégrer leurs réponses.
A chaque question, ils se rendront compte que c’est simplement un bébé et qu’ils ne peuvent pas spécifier de différence.
Ensuite je les interrogerai et leur demanderai : alors pourquoi une fois qu’il sera né, devrons nous lui coller une étiquette de couleur/rang social/sexe ?
Ça sera un bébé, point.
Un être vivant qui n’aura rien demandé et que nous devrons tous aimer, respecter et auquel nous devrons transmettre ce que nous apprenons maintenant.
Les adultes ont du mal à accepter un tel raisonnement qui contrarie leurs croyances déjà acquises.
Mais les enfants eux sont demandeurs d’équité. Les fillettes, dès leur plus jeune âge, se voient attribué des tâches associées à leur sexe. Certaines n’y voient pas de problème, mais d’autres pressentent très vite que “ce n’est pas normal”.
Je prévois un même type de démonstration pour déconstruire les notions de Beau/Moche. Bien/Mal, et leur expliquer ainsi les différences de points de vue (individuels, sociétaux).

Le rapport au temps :
Souvent, la limitation de l’apprentissage dans un temps horaire limité est néfaste pour tous (adultes/enfants).

L’évolution – tout change :
Des adultes, dans la rue, m’ont parfois mise en garde contre certains enfants :
“- pff tu vas voir celui-ci c’est un voyou !
– Mais il a 8 ans, c’est un enfant, il va évoluer
Conclusion :
La (re)connaissance des émotions me semble être l’un des axes majeurs de la protection de la santé psychique.
Essentiel d’apprendre à nos enfants :
– leurs émotions,
– le fonctionnement du corps humain + lien avec l’alimentation,
– on est tous pareils mais en fait on est tous différents / connaissance des notions de Process Com de Taïbi Khaler,
– développement de la communication via l’CNV: Marshall Rosenberg.
Ce qui permet de travailler sereinement avec les enfants, c’est avoir une attitude d’écoute active de leurs émotions, les décoder, les apprivoiser, les leur faire observer et comprendre.
La seule arme qu’on peut utiliser pour élever un enfant est la bienveillance.
Si on utilise des mots blessants, l’enfant les utilisera à son tour. Contre lui, contre les autres, contre nous.
Si on use de la force, l’enfant l’utilisera à son tour. Contre lui, contre les autres, contre nous.
Si on utilise la bienveillance, l’enfant l’utilisera à son tour. Pour lui, pour les autres, pour
nous.

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